Mot de M. Ahmed Toufiq, Ministre des Habous et des Affaires Islamiques lors de la visite du Pape François au Maroc

Mot de M. Ahmed Toufiq, Ministre des Habous et des Affaires Islamiques lors de la visite du Pape François au Maroc

Mot de M. Ahmed Toufiq Ministre des Habous et des Affaires Islamiques
Mot de M. Ahmed Toufiq Ministre des Habous et des Affaires Islamiques lors de la visite du Pape François au Maroc

Bismillah Arrahman Arrahim,

Majesté, Commandeur des Croyants

Votre sainteté, Pape François

 Au XIIIème siècle, Le Pape Grégoire IX a ordonné à Thomas de Celano d’écrire la première biographie de Saint François d’Assise.

Il est dit dans cet écrit que Saint François souhaitait, avant son célèbre voyage en Egypte, visiter le Maroc pour rencontrer le Roi,

Amir almuminin, Commandeur des Croyants,

Cela revient à dire que le Saint Siège connaissait, depuis plus de huit siècles, le régime marocain dans son statut de Commanderie des Croyants.

En effet, le Maroc a préservé ce régime de l’Islam premier, cette institution fondée sur un contrat politico-social écrit en vertu duquel le détenteur de la légitimité protège, pour la nation, sa religion, sa sécurité, son ordre public raisonné, sa justice et sa dignité.

La formation des imams et des instructrices, mission pour laquelle le Commandeur des Croyants, sa Majesté le Roi, a créé cet Institut, s’inscrit dans son engagement à protéger la religion.

Dans ce sens, le Commandeur des Croyants a procédé, depuis son accession au trône, à des réformes structurantes et introduit une dynamique de concordance entre les cadres institutionnels de gestion moderne et les finalités de la religion sous différents aspects.

Cette distinction fait que certaines problématiques majeures que rencontre la gestion de l’Islam ailleurs, trouvent leurs solutions dans le contexte de la Commanderie des Croyants. Ces problématiques sont liées à différents aspecte de la religion, sa présence dans l’Etat, sa protection, son rapport à la politique, sa position par rapport à l’application de la Chari’a, son attitude vis-à-vis des tendances rigoristes, sa vision des libertés et des valeurs universelles, sa réforme de l’enseignement religieux et enfin la place du leadership religieux dans ce système.

  • La présence de la religion dans la vie des gens est une nécessité philosophique et pratique, une réponse à la quête de sens, un besoin éthique et une source morale pour la nation ;
  • La protection de la religion stricto sensu est assurée par un encadrement humain de théologiens et d’imams, et facilitée par l’offre d’un service rituel et éducatif adéquat ;
  • La religion se situe à l’échelle de la nation, alors que la politique partisane s’exerce au niveau de la société, espace de négociation et de dialogue ;
  • Les courants rigoristes qui contestent à la religion sa dimension spirituelle paraissent étrangers au Maroc, la Commanderie des Croyants protège les courants soufis et particulièrement leurs valeurs sociales de solidarité et de compassion envers les nécessiteux, des valeurs comme celles prêchées par Sidi Belaabass, un saint célèbre de Marrakech, contemporain de Saint François d’Assise, qui prônait le don comme remède à tous les maux, et qui disait que la générosité influe sur les lois du monde;
  • Sur la place publique, les libertés sont exercées dans le cadre de la loi. A l’échelle de l’individu, seule une conscience auto-comptable et pétrie d’une éthique spirituelle, peut réguler les comportements et prémunir contre la perte ;
  • Le Maroc a contribué à l’humanisme par sa sagesse, sa spiritualité et ses œuvres. Il ne peut marquer de réserves par rapport aux valeurs universelles que sur des détails qui relèvent de sa tradition spécifique ;
  • L’école coranique traditionnelle qui fait le choix d’une partie de la population est intégrée par la loi de 2001 qui l’organise, l’enrichit et crée des passerelles entre ses programmes et ceux de l’enseignement public ;
  • Les ouléma, théologiens, observent la neutralité par rapport aux courants politiques. Ils émettent des opinions légales sur des questions d’intérêt public. Ils ont publié en 2007, un texte unique en son genre sur la réfutation légale des allégations du terrorisme.

La fondation de cet Institut par Sa Majesté le Roi – que Dieu l’assiste – constitue un des symboles forts de cette Tradition ingénieuse et raffinée qui s’inspire des fondamentaux religieux de la nation marocaine, tradition ancrée dans l’histoire et qui a la force et l’intelligence qui lui permettent de s’adapter aux aspirations des gens et aux finalités du message divin.

Les composantes de cette tradition offrent ainsi les possibilités de forger un modèle de développement intégral et conscient, où l’homme se prend en charge tout en se sentant, dans ses états de force et de faiblesse, conforté par la Présence Permanente de Dieu, le Tout Puissant, le Tout Clément, le Tout Miséricordieux.