Ramadan au Sénégal : les conférences religieuses passent en mode virtuel

Ramadan au Sénégal : les conférences religieuses passent en mode virtuel

Ramadan au Sénégal : les conférences religieuses passent en mode virtuel
Ramadan au Sénégal : les conférences religieuses passent en mode virtuel

Dakar, (MAP) – Au Sénégal, à l’instar de la plupart des pays du globe, le Ramadan est d’une particularité inédite cette année. Les journées sont rythmées par la fatidique séance d’annonce de l’évolution du Covid-19 qui tient en haleine tout le pays, et les soirées par le couvre-feu imposé par les autorités sanitaires, privant la population locale, à 95 de musulmans, de pratiquer comme à l’accoutumée les prières surérogatoires dans les mosquées et chamboulant l’agenda des conférences religieuses, très sollicitées lors de ce mois sacré.

Ramadan au Sénégal a toujours été l’occasion d’organiser des conférences religieuses qui drainent de grandes foules, mais, en raison de la pandémie à coronavirus, les Sénégalais ont dû prendre leur mal en patience et s’adapter, à contrecœur, aux nouvelles mesures édictées par les autorités publiques pour freiner la propagation de l’épidémie.

Le gouvernement sénégalais avait décidé de décréter l’état d’urgence, assorti d’un couvre-feu de 20h à 06h, d’interdire les rassemblements publics et d’imposer le port du masque et des gestes barrières à grande échelle.

Les conférences religieuses envahissent la toile

En période normale, il était difficile de se promener dans les artères de la capitale durant le mois béni, notamment le weekend, sans apercevoir de grandes foules ça-et-là, et des hauts parleurs perchés le haut des tentes abritant des rassemblements de fidèles autour de prêcheurs enseignaient les préceptes de l’Islam.

Etablissements publics ou privés, organismes professionnels, tous tenaient à organiser des conférences religieuses durant le Ramadan. Même les femmes, regroupées au sein d’associations ou « dahiras », organisaient leurs propres conférences religieuses.

A propos de cette année, M. Khalifa Low, membre du conseil supérieur de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains et secrétaire administratif de la section sénégalaise de la Fondation, a indiqué que les conférences religieuses ont également lieu durant ce mois béni, à travers les réseaux sociaux et la chaine télé « Asfiahi » pour ce qui est de la communauté tijane.

« Chaque soirée, des conférences nocturnes sont animées par les prêcheurs et sont très suivies par les internautes », a-t-il confié à la MAP, relevant que même les conférences d’exégèse du Saint Coran se tiennent toujours via le même procédé dans la cité religieuse de Tivaouane, fief de la confrérie des tijanes, et ailleurs.

« Chaque soirée à Tivaouane les prêcheurs donnent des cours de 30 minutes afin de permettre aux musulmans, chez eux, de pouvoir suivre ces leçons sans avoir besoin à se déplacer », a-t-il ajouté, relevant que « l’épidémie a perturbé, certes, la tenue des conférences religieuses, mais l’essentiel est la communication avec les disciples et le public ».

« Ce qui importe le plus c’est de conscientiser la population et l’éduquer. Et cela peut se réaliser même à distance », a-t-il soutenu.

S’agissant de la section sénégalaise de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, M. Low a indiqué que les membres de la section sont en contact permanent, en particulier lors de ce mois béni, à travers le partage des informations et des conférences vidéo.

« Des conférences audio quotidiennes sont données par les oulémas de la hadra malékite et qui sont partagées à grande échelle, le moins que l’on puisse faire, a-t-il dit, en ce temps de coronavirus ».

Et M. Low de noter que « toutes nos prières sont consacrées tant au peuple sénégalais que marocain, vu la place qu’occupe le Royaume dans nos cœurs, implorant le Tout-puissant de préserver SM le Roi Mohammed VI et perpétuer Sa gloire ».

« Ce qui nous manque le plus, c’est de passer ces jours bénis du mois de Ramadan au Royaume chérifien et d’assister aux causeries religieuses », a-t-il dit, non sans amertume.

Il a également mis en avant, à cette occasion, l’élan de solidarité marquant la société sénégalaise en ce mois béni, notant que le gouvernement sénégalais a donné le la avant que les chefs religieux ne lui emboîtent le pas en consacrant d’importantes sommes d’argent et des denrées alimentaires aux plus démunies.

Un chamboulement diamétral des habitudes

Toutes les habitudes et traditions en ce mois béni ont été impactées par ce visiteur indésirable qui affecte la vie de toute l’humanité.

Fini les ndougous (rupture du jeune) entre familles, les soirées ramadanesques dans les pures traditions sénégalaises et les prières nocturnes.

Devant une tentative d’aménagement des mesures imposées, les imams et oulémas du Sénégal avaient demandé le changement de l’horaire du couvre-feu instauré dans le pays depuis le 23 mars (de 20h à 6h), proposant de le fixer entre 21 heures et 4 heures du matin, le président Macky Sall a été catégorique, lors du conseil des ministres de mercredi dernier, en maintenant inchangés les dispositions initiales.

Le chef de l’Etat sénégalais avait même affirmé, dans des déclarations à la presse, son intention d’étendre la période du couvre de trois heures (de 18h à 7h) si la maladie prend une tournure inquiétante.

C’est dire que les autorités du pays sont pleinement conscientes de la gravité de la situation et du danger que représente la transmission du Covid-19, qui se propage à un rythme effréné dans plusieurs villes du pays.

Ainsi, c’est la mort dans l’âme que les Sénégalais passent le ramadan, un fait sans précédent qui restera dans gravé les annales d’histoires, réduisant pour beaucoup les habitudes qui avaient forgé le mythe religieux et communautaire de ce mois béni.

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