Les Voies du Soufisme

Les Voies du Soufisme

Les Voies du Soufisme
Les Voies du Soufisme

Le Saint Coran appelle à éduquer l’âme dans l’invocation de Dieu dans le but de se sentir en permanence en sa présence, de requérir son amour et de saisir cette présence pour accomplir des actions pieuses, être juste avec soi-même et généreux. Sur la base de cette perception de la vie, sont apparues dans l’Islam des courants d’ascétisme engageant à ne pas préférer la vie d’ici-bas à la vie de l’au-delà. Ensuite, des courants prônant de se parer des mœurs de la purification de l’âme et de l’examen de conscience sont apparus. C’est cela le soufisme.

Au Maroc, des personnes s’étant parées des mœurs du soufisme sont apparues dès les premiers siècles de l’ère musulmane. Au cinquième siècle de l’hégire (XIe s. ap. J.-C), le mouvement soufiste fait son apparition dans les villes et les villages. Tandis que ce mouvement revêtait un caractère poétique et philosophique dans les pays du Moyen Orient et en Andalousie, on le voit prendre, au Maroc, une couleur sociale où les gens se hissent au rang de saints aux yeux du public, en raison des secours, soins et soulagements de la douleur qu’ils apportent. Des récits extraordinaires, connus sous le nom de «karamate» (miracles, prodiges) ont été rapportés à ce sujet.

Soufisme au Maroc:

Il se distingue par la modération, l’engagement envers la réalité de l’unicité de Dieu et le souci d’éviter les formes suspectes, conformément à l’approche stricte, attribuée à Abou al-Qasim Al Jounaïd, décédé à Bagdad en 910 ap. J.-C / 279 H.

C’est pour cela que cette approche fut adoptée par les sultans, la majeure partie des Ouléma s’en réclamèrent, et le grand public y adhéra largement, dans les villes et les villages.

Deux grands courants ou voies soufis sont issus du Maroc, et leurs adeptes sont disséminés partout dans le monde. La première est la Voie Chadilia au 12e siècle de l’ère chrétienne, imputée à Abou al Hassan Chadli (m. en Egypte en 1258 ap. J.-C / 656 H.), de son nom ‘Ali al Ghoumari, de la tribu de Ghomara, dans le Nord-Ouest du Maroc. Son maître fut Mawlay Abdessalam ben Machich. La deuxième voie est la Tijaniya, fondée au dix-neuvième siècle par le cheikh Ahmed Tijani, mort et enterré à Fès en 1815 ap. J.-C. / 1230 H.

La Voie Qadiriya, née en Irak au 6e siècle de l’hégire / 12e siècle de l’ère chrétienne, a une présence limitée au Maroc, en comparaison avec les deux voies précitées.

Le mouvement du soufisme a contribué au renforcement de la dimension spirituelle de la pratique religieuse au Maroc ; il a également développé la solidarité sociale, mobilisé la population pour la défense du pays en maintes époques de son histoire, fondé des écoles d’enseignement et des bibliothèques qui conservent, jusqu’à nos jours, des trésors du patrimoine scientifique manuscrit.

Les Zaouiya soufies ont œuvré à répandre la sagesse de la conduite droite et à élever des modèles d’humanité, hommes et femmes, à travers leur grande vertu ; elles ont, de même, développé une certaine culture esthétique, par l’importance donnée à la valeur d’humilité, et raffiné le goût, à travers la célébration, dans le Sama’, de l’Amour, la passion de la Vérité, et l’exaltation des valeurs de gratitude, d’espérance et de générosité.

Le soufisme a fortement influé sur la vie du Maroc à travers les siècles, en fusionnant les différents éléments de la population dans le creuset de la volonté de se réaliser devant les maîtres éducateurs, abstraction faite des appartenances géographiques, ethniques et sociales.

Zaouïas au Maroc:

Il existe au Maroc, actuellement, un nombre de Zaouïas (1674), dont la plupart sont des branches des deux voies précitées : la Chadiliya et la Tijaniya; un certain nombre de ces Zaouïas tirent des revenus de legs pieux.

Il existe également des mausolées (5360), attribués à des individus dans lesquels les gens ont vu des modèles de piété, en raison des attributs inhérents aux soufis qui s’étaient révélés en eux, de leur vivant.

La Commanderie des Croyants entoure les Zaouïas soufies de sa sollicitude, à travers des Dahirs de respect et de vénération qu’elle donnait aux chioukhs dans le passé, en récompense de leurs rôles dans l’action pieuse, ou à travers des Dahirs de cheikhat données aux responsables de Zaouïas, chose qui dure encore de nos jours.

On observe, actuellement, un regain d’intérêt pour le soufisme de la part des jeunes.

 

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